URAM International a élaboré pour le compte du PRASAB les schémas provinciaux d’aménagement du territoire (SPAT) des provinces de Bubanza, Kirundo, Muynga, Makamba, Muramvya, Mwaro et Ngozi au Burundi.
L'initiative prise par les autorités du Burundi de lancer une réflexion stratégique sur les conditions d’une utilisation durable des terres et de doter l’ensemble des provinces du pays de Schémas Provinciaux d’Aménagement du Territoire (SPAT), témoigne du caractère irréversible des options en matière de développement durable. Il apparaît de plus en évident qu'une mutation profonde est en train de s'opérer dans la perception des opérateurs publics vis-à-vis des ressources humaines, économiques, culturelles et naturelles du pays. Il ne s'agit donc pas d'une position conjoncturelle dictée par la seule situation post-conflit avec des préoccupations à portée limitée, mais au contraire d'une nouvelle philosophie de l'action en matière d'Aménagement du Territoire.
Les objectifs globaux assignés à l’Aménagement du Territoire et aux schémas provinciaux au Burundi peuvent s’exprimer comme suit :
- donner plus de visibilité aux politiques sectorielles en leur offrant un cadre de cohérence territoriale à l’échelle du pays et des provinces ;
- mieux identifier et localiser les programmes d’investissement dans les zones où ils donneront le maximum d’effet ;
- mieux ajuster sur le territoire des provinces les politiques de développement rural par la détermination des espaces à vocation ;
- identifier les éléments structurants susceptibles de transformer positivement l’image du territoire des provinces du point de vue économique, social et environnemental.
Les enjeux qui en découlent sont ceux arrêtés au niveau de la stratégie nationale afin de ne pas introduire des distorsions entre le discours de la politique nationale d’aménagement du territoire et la vision du territoire provincial. Le SPAT doit s’inscrire dans la stratégie nationale et s’y référer explicitement. Il constitue un cadre de planification stratégique avec des objectifs spécifiques.
L’intérêt pour les provinces de disposer d’un tel instrument restera toutefois subordonné à une définition précise et détaillée des objectifs spécifiques et des attentes multiples escomptées d’un SPAT qui sont, entre autres :
- une vision du devenir de la province au sein de l’ensemble national et les cheminements possibles pour atteindre cette vision ;
- les macros fonctions du territoire (naturel, agricole, pastoral, forestier, urbain, etc.) et les mesures et règlements pour leur aménagement et gestion ;
- la localisation des grands équipements, des infrastructures et des services d’intérêt général ;
- l’identification et la localisation des grands projets économiques porteurs d’investissements et d’emploi ;
- des orientations pour la mise en valeur de l’environnement, des sites et du patrimoine naturel ;
- un projet d’armature des centres urbains et ruraux constituée de villes hiérarchisées avec des fonctions déterminées, de villages existants à développer et une grille d’équipements correspondante ;
- des prescriptions pour chaque ville chef lieu de province, devant servir de cadre pour la définition du SDAU ;
- des orientations pour la création éventuelle et l’organisation de nouveaux villages ;
- un maillage de routes permettant le désenclavement des zones de productions et d’échanges ;
- des infrastructures sanitaires et zootechniques rationnellement réparties sur le territoire ;
- des orientations pour la restauration des espaces dégradés.
Ainsi élaboré et dûment approuvé, le Schéma Provincial d’Aménagement du Territoire (SPAT) permettra :
- aux services de l’économie, de déterminer la façon dont le processus de planification pourra être institué au niveau des régions et de moduler les instruments et techniques de mise en œuvre des projets suivant les spécificités des problèmes de la province et en fonction des capacités locales de maîtrise des problèmes de développement. Cela ouvrira nécessairement la voie à la mise en place (ou au renforcement) d'un cadre régional de coordination des actions de développement.
- aux services techniques provinciaux, de disposer d’un cadre cohérent pour l'élaboration des programmes sectoriels générateurs de synergie entre les différentes actions de développement.
- aux collectivités locales, d'avoir un document-cadre définissant leurs possibilités d'intervention sur leur territoire pour les projets et actions de développement maîtrisables par leurs services et qui sont à la portée des agents économiques locaux et régionaux.
- aux opérateurs économiques privés, et aux groupements villageois d'être fixés sur les avantages comparatifs de la province et sur les opportunités d'investissement dans telle où telle zone du territoire. Il facilitera la définition des instruments d'encouragement et d'orientation des investissements privés pour mieux équilibrer le développement de la province.
- aux bailleurs de fonds et divers partenaires, de pouvoir inscrire leurs propositions de projets au sein d'un cadre de cohérence économique et spatial à même d'en potentialiser les impacts et d'en réduire les effets pervers.